80 % des violations de données dans le cloud en 2023 trouvent leur origine dans une simple erreur humaine. Ce chiffre, issu du rapport d’IBM, met les pieds dans le plat : malgré des enveloppes budgétaires conséquentes dédiées à la sécurité des infrastructures, les failles d’identification et de configuration continuent de tirer la sonnette d’alarme. Les plans de protection sophistiqués volent en éclats face à des dérapages souvent évitables.
Les fournisseurs de services cloud ne cessent de rappeler la notion de responsabilité partagée. Pourtant, la frontière entre ce qui relève de leur ressort et ce qui incombe aux entreprises reste brouillée. Résultat : les sociétés prennent conscience trop tard de l’exposition de leurs données sensibles, souvent après qu’un acteur malveillant les a déjà exploitées.
Le cloud, un nouvel eldorado pour les cybermenaces ?
Le mot d’ordre aujourd’hui : la sécurité cloud n’est plus une option, c’est un pilier de la stratégie d’entreprise. L’appétit pour les services cloud ne faiblit pas, porté par la promesse de flexibilité du cloud computing et la commodité des modèles à la demande. Mais à mesure que la migration s’accélère, la surface d’exposition aux risques s’étend et la gestion de la protection des données se complique.
Pour clarifier les responsabilités en matière de sécurité, chaque fournisseur cloud pose un cadre : il prend en charge la sécurité physique, l’infrastructure et la résilience technique. L’entreprise, de son côté, doit gérer les accès, configurer les applications et protéger ses propres données. En théorie, la répartition paraît limpide. Sur le terrain, elle s’avère moins tranchée. Les récents incidents illustrent ce flou : des erreurs de configuration ouvrent la porte à des expositions massives, des droits d’accès trop larges font sauter les verrous, le chiffrement manque à l’appel.
Voici les principales failles qui alimentent les fuites de données dans les environnements cloud :
- Erreur de configuration : source fréquente de divulgation de données confidentielles.
- Mauvaise gestion des identités : faiblesses dans le contrôle des accès, offrant un boulevard aux cybercriminels.
- Dépendance aux tiers : multiplication des partenaires et outils connectés, ce qui élargit dangereusement la surface d’attaque.
Les menaces cloud gagnent en ingéniosité à mesure que les entreprises se ruent vers de nouveaux services. Les solutions de sécurité classiques montrent leurs limites face à des offensives qui visent aussi bien les applications que les ressources cloud. Les équipes informatiques jonglent avec des architectures hybrides, des flux de données disséminés, et une pression réglementaire qui ne faiblit pas. La vigilance est de tous les instants pour les responsables de la sécurité.
Pourquoi les attaques sur l’identité et les accès explosent dans le cloud
À mesure que la transformation numérique s’intensifie, les services cloud se multiplient et, avec eux, les points d’entrée vulnérables. Les cyberattaquants l’ont bien compris : l’identité et la gestion des accès deviennent les talons d’Achille du cloud. Microsoft le confirme : plus de 80 % des incidents de sécurité cloud naissent d’une compromission d’identifiants ou d’une gestion défaillante des privilèges.
Les systèmes de gestion des identités et des accès (IAM) s’imposent, mais leur paramétrage reste souvent lacunaire. Des privilèges administrateurs attribués trop vite, laissés en place après une mobilité interne, et c’est la porte ouverte à l’escalade de droits. Un simple accès à une console d’administration non sécurisée peut suffire à compromettre l’ensemble des données sensibles d’une organisation.
Les attaques les plus courantes exploitent des faiblesses précises, en voici quelques-unes :
- Absence de MFA (authentification multifacteur) : le phishing sévit, profitant de l’absence de double vérification pour accéder aux comptes.
- Mauvaises pratiques : mots de passe faibles, réutilisés ou stockés sans précaution, alors même que les alertes des experts en cybersécurité se multiplient.
- Shadow IT : utilisation d’outils et de services non validés, rendant la surveillance et la protection des données bien plus compliquées.
La gestion des identités ne s’arrête pas aux salariés : partenaires, prestataires et applications tierces entrent aussi dans l’équation. L’écosystème s’élargit, les brèches potentielles aussi. Les solutions IAM doivent s’adapter à cette réalité mouvante, sans sacrifier la protection des données ni l’expérience utilisateur.
Panorama des principales menaces qui pèsent aujourd’hui sur la sécurité cloud
La migration massive des applications et des données vers le cloud gonfle la surface d’attaque des entreprises. Les violations de données n’épargnent personne : il suffit d’un bucket S3 mal configuré ou d’une base laissée accessible par erreur pour exposer des millions d’enregistrements au regard d’acteurs malveillants.
Les logiciels malveillants évoluent, capables désormais de s’introduire dans les environnements cloud pour chiffrer ou siphonner les informations stratégiques. Les attaquants s’appuient sur la complexité des architectures multi-cloud et sur des droits d’accès mal maîtrisés. Les attaques par déni de service (DDoS) visent à saturer les infrastructures, mettant hors service des pans entiers d’activité.
Les menaces les plus marquantes du moment méritent d’être identifiées :
- Menace interne : collaborateurs imprudents ou malveillants, capables de déjouer les contrôles internes.
- Faille de la chaîne d’approvisionnement : vulnérabilités induites par des tiers ou des partenaires négligents.
- Mauvaise gestion de la posture de sécurité : absence de surveillance en continu et défaut dans la détection des signaux faibles.
L’agence nationale de sécurité des systèmes d’information insiste sur l’importance d’un suivi permanent pour détecter les menaces et sur l’adoption d’outils spécialisés dans la gestion de la posture de sécurité cloud (CSPM). Entre diversité applicative, déploiements rapides et frontières numériques poreuses, les stratégies de protection doivent sans cesse se réinventer.
Adopter les bons réflexes : conseils pratiques pour renforcer la sécurité de vos environnements cloud
Un audit systématique de vos environnements cloud n’a rien d’anecdotique. Commencez par cartographier vos actifs, identifiez les flux de données et isolez les failles potentielles. Les spécialistes du secteur recommandent de durcir les contrôles d’accès en appliquant le principe du « moindre privilège » : chaque utilisateur ne doit disposer que des droits nécessaires à ses missions.
Impossible de passer à côté de la gestion des identités. Un système IAM robuste, couplé à une authentification multifacteur (MFA), réduit le risque d’usurpation. Gardez un œil attentif sur les comptes à privilèges, très convoités par les cybercriminels.
La conformité ne se limite pas à des démarches administratives. Le RGPD et la norme ISO 27001 fixent des exigences qui instaurent un cadre solide pour la protection des données et la sécurité cloud. Analysez régulièrement les journaux d’audit, et automatisez la détection des comportements suspects avec des outils adaptés.
Quelques mesures concrètes à intégrer à votre feuille de route :
- Chiffrez sans exception les données sensibles, qu’elles soient en transit ou stockées.
- Testez vos sauvegardes : un plan de reprise d’activité solide reste le meilleur filet de sécurité en cas d’attaque.
- Examinez la fiabilité de votre fournisseur cloud : certifications, garanties de sécurité, transparence des rapports doivent être passés au crible.
La vigilance s’impose à tous les niveaux, des équipes internes aux partenaires extérieurs. Miser sur la formation continue et sensibiliser les collaborateurs aux nouvelles menaces, c’est renforcer la culture cybersécurité sur le long terme.
Le cloud ne pardonne pas l’approximation : chaque faille ignorée peut ouvrir la voie à une compromission d’ampleur. Face à des adversaires de plus en plus habiles, la sécurité doit rester une course d’endurance, jamais un sprint.

